On continue la visite du musée de l’artillerie ! On avait laissé l’histoire au système de Bange (canon en acier, tube rayé, chargement par la culasse), grande avancée technologique qui comportait un défaut plutôt majeur : un recul important du canon au moment du tir. La suite avec l’invention d’un canon majeur : le 75mm.
Si vous n’avez pas lu le premier article, vous pouvez le trouver ici (mais ce n’est pas obligatoire pour lire celui-ci) : Musée de l’artillerie de Draguignan 1/2
L’apogée de l’artillerie (1894-1934)
Nous sommes en 1897, la France rumine sa défaite de 1870 et la perte de l’Alsace et de la Lorraine. C’est le moment où sort le fameux canon de 75mm, qui devient la pièce maitresse de l’armée française et posera les bases de l’artillerie moderne.
Le canon de 75mm est doté d’un système de frein par piston hydraulique, qui lui permet d’absorber le recul et de se repositionner sur la cible, sans intervention humaine. La culasse est améliorée, elle permet désormais d’ouvrir et fermer la chambre en seulement deux mouvements de manivelle, avec une éjection automatique de la douille. Grâce à ces améliorations, on atteint les 20 coups par minute et une portée de 7700 mètres.
Les obus sont grandement développés également, avec notamment l’ajout de fusées percutantes qui provoquent une détonation à l’impact.
La Grande Guerre impose d’énormes changements pour l’artillerie, dont le développement du canon sur chenilles (ancêtre du char d’assaut) et celui du canon antiaérien.
On tire de plus en plus loin avec l’artillerie lourde, mais parallèlement la guerre de tranchée nécessite aussi le retour des mortiers, pour tirer en cloche sur des cibles plus rapprochées (la tranchée d’en face).
Quels choix, pour quels combats ? (1935-1945)
La veille de la Seconde Guerre mondiale, la France fait le choix de la mise en place d’une défense fixe pour protéger ses frontières avec l’Allemagne et l’Italie. C’est André Maginot, ministre de la Guerre, qui fait voter les fonds et lance le programme de construction.
Comme toute fortification, la ligne Maginot était prévue pour tenir seule un certain temps (en l’occurrence 15 jours), avant l’arrivée de renforts. Cela pour empêcher toute attaque surprise sans déclaration de guerre.
La puissance des canons modernes a transformé la guerre : l’ennemi est harcelé à très longue distance. La défense ressemble de plus en plus à l’attaque, il s’agit que l’ennemi ne parvienne pas jusqu’au fort. Si cette stratégie n’a pas suffit à contrer l’offensive de l’armée allemande, elle a parfaitement repoussé les attaques de l’armée italienne au Sud de la France.
L’artillerie mobile, dont le développement est délaissé dans cette stratégie statique, est encore largement tractée par chevaux. L’achat de matériel américain et la récupération de matériels français cachés permettront de mener les batailles de la libération, après la défaite française de 1940.
Les États-Unis entrent en guerre après l’agression japonaise de Pearl Harbour en 1941. À la conférence d’Anfa (Maroc) en janvier 1943, les Alliés confient aux soldats français de la Libération du matériel pour 8 divisions.
La fin du tout canon (1946-….)
L’après Seconde Guerre mondiale voit la naissance de conflits à la fois entre très grandes puissances (la guerre froide) et de combats face à un adversaire caché au sein des populations (les guerres de décolonisation et les guerres contemporaines).
Ces nouvelles données ont développé de nouvelles formes d’artillerie, en plus des existantes : force de dissuasion, face aux grandes puissances, avec l’arme nucléaire et force de frappe très précise avec le missile.
Le missile Roland est un engin téléguidé sol-air, issu de la coopération franco-allemande, qui contient dans sa structure un système de propulsion et de direction. Il peut donc effectuer une visée très précise et modifiable en cours de trajectoire.
La tourelle Roland équipe plusieurs types de matériel, dont ce châssis blindé (AMX 30). Il peut également être monté sur une cabine aérotransportable (CAROL).
Nous avons fini ce petit tour des collections permanentes du musée de l’artillerie de Draguignan. Comme dit en introduction, si vous allez sur place, vous verrez bien plus de pièces ! J’ai notamment écarté tous les détails sur les munitions et également de nombreux matériels. Bref, vous avez encore largement de quoi découvrir sur place. 🙂